La pyrale du buis ( Cydalima perspectalis ), un papillon originaire d'Asie orientale, s'est propagé en Europe et en Amérique du Nord, menaçant les buis, arbustes ornementaux populaires. Ce ravageur dévore les feuilles, causant des dommages importants aux buis et menaçant leur survie.
L'impact de la pyrale du buis est considérable. Non seulement il affecte l'esthétique des jardins, mais aussi l'écosystème. La disparition des buis, qui abritent de nombreuses espèces d'insectes, d'oiseaux et de mammifères, affecte la biodiversité. De plus, la pyrale du buis a un impact économique important, car les coûts de traitement et de remplacement des buis infestés sont élevés. En France, la pyrale du buis a été détectée pour la première fois en 2008, et depuis, elle a dévasté des milliers de jardins.
Face à ce fléau, l'utilisation d'insecticides chimiques est souvent la première solution envisagée. Cependant, leur impact sur l'environnement et la santé humaine est préoccupant. De plus, la pyrale du buis développe une résistance aux insecticides, rendant leur efficacité à long terme incertaine. Les insecticides peuvent également nuire aux insectes auxiliaires, qui sont bénéfiques pour la biodiversité et contribuent à l'équilibre de l'écosystème.
C'est pourquoi l'utilisation de méthodes biologiques de lutte contre la pyrale du buis est de plus en plus encouragée. Ces méthodes, plus respectueuses de l'environnement et de la santé humaine, offrent une alternative durable aux insecticides chimiques.
Méthodes biologiques de lutte contre la pyrale du buis
Méthodes préventives
La prévention est la première étape pour lutter efficacement contre la pyrale du buis. Des mesures préventives simples peuvent réduire le risque d'infestation et préserver la santé des buis.
- Planter des variétés résistantes : Certaines variétés de buis, comme le Buxus microphylla 'Faulkner', présentent une meilleure résistance à la pyrale du buis. La résistance est généralement caractérisée par la production de composés chimiques répulsifs ou toxiques pour la pyrale. Il est important de se renseigner sur les variétés résistantes disponibles dans votre région et de privilégier leur plantation.
- Améliorer la santé des buis : Un buis en bonne santé est plus résistant aux attaques de la pyrale. Des techniques de taille régulières, une fertilisation adaptée et un arrosage adéquat permettent de renforcer la vigueur des buis et de les rendre moins vulnérables aux attaques. La taille doit être effectuée au printemps ou en été, en évitant de tailler trop court pour ne pas affaiblir les buis. Une fertilisation régulière avec un engrais organique enrichi en azote favorise une croissance vigoureuse et stimule les défenses naturelles des buis. Un arrosage régulier, surtout en période de sécheresse, maintient l'humidité du sol et garantit une bonne hydratation des buis.
- Créer des habitats pour les prédateurs naturels : Encourager la présence d'insectes auxiliaires et d'oiseaux insectivores dans les jardins peut contribuer à la lutte contre la pyrale du buis. Il suffit de planter des fleurs mellifères et de laisser des zones non tondues pour favoriser la biodiversité. Les fleurs mellifères, comme la lavande, la sauge et la phacélie, attirent les insectes auxiliaires, qui se nourrissent de la pyrale du buis et contribuent à sa régulation naturelle. Les zones non tondues, où poussent des herbes sauvages et des fleurs indigènes, offrent un habitat pour les oiseaux insectivores, qui se nourrissent des chenilles de la pyrale du buis.
Méthodes curatives
Si malgré les mesures préventives, des infestations de pyrales du buis apparaissent, des méthodes curatives peuvent être utilisées pour lutter contre le ravageur et limiter les dégâts.
Lutte biologique à base d'insectes auxiliaires
Plusieurs espèces d'insectes auxiliaires sont des prédateurs naturels de la pyrale du buis. Parmi eux, on trouve des parasitoïdes comme les Ichneumonidae et les Tachinidae, ainsi que des prédateurs comme les oiseaux insectivores. Ces insectes auxiliaires jouent un rôle crucial dans l'équilibre de l'écosystème et contribuent à la régulation naturelle des populations de ravageurs.
- Les Ichneumonidae et les Tachinidae pondent leurs œufs dans les chenilles de la pyrale du buis. Les larves des parasitoïdes se nourrissent ensuite de la chenille et l'empêchent de se développer. Cette méthode de lutte biologique est efficace et respectueuse de l'environnement. En favorisant la présence d'insectes auxiliaires dans les jardins, on peut contribuer à la régulation naturelle des populations de pyrales du buis.
- Les oiseaux insectivores, comme les mésanges et les rouges-gorges, se nourrissent des chenilles de la pyrale du buis. En encourageant leur présence dans les jardins, on peut contribuer à la régulation naturelle des populations de pyrales. Il est important de créer des nichoirs à oiseaux et de planter des arbustes et des arbres qui attirent les oiseaux insectivores. On peut également installer des mangeoires à oiseaux pour les nourrir en hiver et les encourager à rester dans les jardins.
La mise en place d'un programme de lutte biologique à base d'insectes auxiliaires nécessite l'intervention d'un professionnel qualifié qui pourra identifier les espèces d'insectes auxiliaires les plus efficaces et les introduire dans les jardins infestés. Il est important de choisir des espèces d'insectes auxiliaires adaptées à la région et au climat local. Un professionnel pourra également vous conseiller sur les meilleures techniques de mise en place et de suivi d'un programme de lutte biologique.
Lutte biologique par champignons entomopathogènes
Des champignons pathogènes spécifiques à la pyrale du buis, comme le Beauveria bassiana , peuvent être utilisés pour lutter contre ce ravageur. Ces champignons sont naturellement présents dans l'environnement et parasitent les insectes, les affaiblissant et les tuant. Cette méthode de lutte biologique est très efficace et ne présente pas de risques pour l'environnement ou la santé humaine.
- Le champignon pénètre dans l'organisme de la chenille par les orifices naturels (bouche, stigmates). Il se multiplie à l'intérieur de la chenille, l'affaiblissant et la tuant. Le champignon Beauveria bassiana est particulièrement efficace contre les chenilles de la pyrale du buis. Il s'agit d'un champignon très répandu dans l'environnement et qui est utilisé depuis de nombreuses années pour lutter contre les ravageurs des cultures.
- Des produits commerciaux à base de champignons entomopathogènes sont disponibles dans les jardineries. Il est important de choisir des produits certifiés biologiques et de respecter les doses recommandées par le fabricant. L'application des produits à base de champignons entomopathogènes doit être effectuée en soirée, lorsque les températures sont plus fraîches et l'humidité plus importante. Cela favorise le développement du champignon et maximise son efficacité.
Lutte biologique par nématodes entomopathogènes
Les nématodes entomopathogènes, comme le Steinernema carpocapsae , sont de minuscules vers qui pénètrent dans l'organisme de la chenille et la tuent. Les nématodes sont des vers microscopiques qui vivent dans le sol et parasitent les insectes. Ils pénètrent dans l'organisme de la chenille par les orifices naturels et libèrent des bactéries qui la décomposent. Cette méthode de lutte biologique est efficace et respectueuse de l'environnement, car les nématodes ne sont actifs que contre les insectes nuisibles et n'affectent pas les autres organismes vivants.
- Les nématodes pénètrent dans la chenille par les orifices naturels et libèrent des bactéries qui la décomposent. Les nématodes entomopathogènes sont particulièrement efficaces contre les chenilles de la pyrale du buis, qui vivent dans le sol ou dans les feuilles des buis. Ils sont généralement appliqués en solution dans l'eau et arrosés autour des buis infestés.
- Des produits commerciaux à base de nématodes entomopathogènes sont disponibles dans les jardineries. Il est important de choisir des produits certifiés biologiques et de respecter les doses recommandées par le fabricant. Les nématodes entomopathogènes sont généralement vendus sous forme de granulés ou de liquides. Ils doivent être appliqués sur le sol ou les feuilles des buis infestés et arrosés pour que les nématodes puissent atteindre les chenilles de la pyrale du buis.
Méthodes physiques de lutte
En complément des méthodes biologiques, des méthodes physiques peuvent être utilisées pour lutter contre la pyrale du buis. Ces méthodes sont généralement plus laborieuses mais peuvent être efficaces pour les petites infestations.
- Aspiration des chenilles : Des aspirateurs spécifiques permettent d'aspirer les chenilles de la pyrale du buis. Cette méthode est efficace pour les infestations de petite taille, mais elle est plus difficile à mettre en œuvre pour les buis de grande taille ou les infestations importantes. Il existe des aspirateurs spécifiques pour l'aspiration des chenilles, qui sont généralement munis d'une buse flexible et d'un sac de collecte. Cette méthode est efficace pour les petites infestations, mais elle est plus difficile à mettre en œuvre pour les buis de grande taille ou les infestations importantes.
- Elimination manuelle des chenilles et des cocons : Les chenilles et les cocons de la pyrale du buis peuvent être éliminés manuellement. Cette méthode est fastidieuse, mais elle est efficace pour de petites infestations. Il est important de porter des gants et des lunettes de protection pour éviter tout contact avec les chenilles, qui peuvent provoquer des réactions allergiques chez certaines personnes.
- Destruction des foyers d'infestation : Les buis fortement infestés peuvent être brûlés ou compostés pour éliminer les pyrales du buis. Le brûlage des buis infestés est une méthode efficace pour éliminer la pyrale du buis, mais il est important de respecter les réglementations locales en matière de pollution et de sécurité incendie. Le compostage des buis infestés est une méthode plus écologique, mais il est important de s'assurer que le compostage est effectué à des températures suffisantes pour tuer les larves de la pyrale du buis. Les buis fortement infestés peuvent être taillés sévèrement, et les branches et les feuilles coupées peuvent être compostées ou brûlées. La taille doit être effectuée en hiver, lorsque la pyrale du buis est en diapause, afin de ne pas favoriser la dispersion des larves et des œufs.
Il est important de noter que les méthodes biologiques sont souvent plus lentes que les insecticides chimiques. Il faut donc être patient et persévérant pour obtenir des résultats satisfaisants. En combinant plusieurs méthodes biologiques et en les adaptant aux besoins spécifiques de chaque jardin, on peut obtenir des résultats durables et respectueux de l'environnement.